Le temple du grand Apelsin

J'arrivai sur l'île du temple et je descendis de mon embarcation avant d'entrer silencieusement dans le bâtiment. J'aimais beaucoup venir ici avant : on s'y sentait en paix, serein, en lien plus direct avec les forces supérieures... Je croisai un de mes aînés, un prêtre de quelques années de plus que moi.

"Salut Nemat ! Tu es revenu ? dit-il en souriant.

- Ouais, j'ai décidé de passer le test de prêtrise. Tu sais où est le doyen Gaupso ?

- Il doit être dans l'antichambre derrière l'autel..."

Je me dirigeai donc vers ladite antichambre, où je rencontrai effectivement le doyen, le chef de l'Église d'Apelsin. Assez vieux, ses cheveux étaient pourtant encore d'un noir de jais.

"Bonjour, maître Gaupso.

- Bonjour, mon enfant... qu'est-ce qui te ramène si vite ici ?

- Je... j'ai décidé qu'il était temps pour moi de passer le test qui me permettra d'être officiellement ordonné prêtre.

- Je vois. Vas voir Reldem. Il te fera subir une épreuve que tu devras réussir. Bonne chance... "

Ainsi, je saluai le doyen et partis en quête de Reldem, un autre prêtre très respecté ici. Je finis par le trouver en train de prier, agenouillé, dans une petite salle.

"Tu veux passer le test, Nemat ? dit-il sans même se retourner.

- Euh... oui, oui ! "

Il se leva et me tendit une petite boule faite de pâte verdâtre.

"Avale-ça."

Je m'éxécutai avec appréhension. Et après avoir attendu une bonne grosse minute, je fus transporté bien loin...



C'était noir, l'obscurité la plus totale. Mais c'était en même temps incroyablement éclairé... Il faisait froid... non, chaud... ou plutôt froid et chaud, sans être tiède... C'était silencieux, mais il y avait une mélodie lointaine, que j'entendais pourtant clairement... J'étais sur une surface ferme, mais j'avais l'impression de flotter. Soudain, quelque chose bougea. Je m'aperçus que la chose m'attaquait.

Je ne savais pas ce que c'était, mais il fallait bien que je me défende. Il n'y avait aucun sable ici ; en fait il ne semblait y avoir rien de tangible. Pourtant, j'en créais avec une effroyable aisance. Mes pouvoirs étaient ici décuplés ! L'étrange silhouette recula rapidement sous l'assaut de mes armes de poussière. Puis, je me sentis chuter.

Quand je me fus stabilisé à nouveau, on m'attaquait encore. Mais cette fois, c'était encore moins physique que la première fois. Quelque chose essayait de pénétrer mon esprit. C'était beaucoup plus difficile de se défendre contre ça... ça essayait de me confondre, de me désorienter. Je pensai de toutes mes forces. Je pensai à quelque chose qui me défendrait. N'importe quoi. Et au bout d'un long effort, la présence ennemie se dissipa.

Je tombai encore un long moment avant de m'arrêter encore. L'ennemi prenait la forme du doute, maintenant. Je ne pouvais m'empêcher de douter de moi, de mes amis, du monde... Était-ce nécessaire de faire le bien ? Pourquoi ne pas être égoïste ? Heureusement, avant de sombrer totalement dans un abîme, je concentrai toute mon énergie pour songer aux bonnes choses du monde : les amis, la nourriture, les jeux, les sourires, les paysages...

Je pensai tellement fort que j'en tombai inconscient.



"..."

J'ouvris les yeux. J'étais dans la petite salle de prière, étendu sur le plancher. Seul. Je pensai à ce que je venais de vivre. La drogue m'avait emmené dans un monde étrange où avaient été testés mon corps, mon esprit et mon âme. Je compris que les pouvoirs mentaux étaient aussi importants, sinon plus, que les pouvoirs physiques. Je me levai et retournai dans le hall du temple.

Le doyen Gaupso décida que j'avais le niveau pour devenir prêtre d'Apelsin. Content, souriant, mais encore pensif, je quittai l'édifice immédiatement après la courte cérémonie. Je retournai dans ma chambre chez le Patriarche et je sombrai vite dans le sommeil.